Tester avant de se lancer : le dispositif Ma boutique à l’Essai
Pour redynamiser les commerces de centres-villes, le concept Ma boutique à l’essai a été imaginé en 2013 et lancé pour la première fois dans la commune de Noyon, dans l’Oise. Plus de 150 communes bénéficient aujourd’hui du dispositif. Entretien avec Maxime BREART, coordinateur national et interlocuteur de référence des collectivités.
Quel est le principe de Ma Boutique à l’essai ?
Il s’agit d’un concept unique en France, qui permet à un porteur de projet de tester son idée de commerce dans un local vacant de 30 à 50m2, bien situé et de bénéficier d’un bail dérogatoire de 6 à 12 mois au loyer minoré durant la phase de test (- 10 à 30%), d’un financement avantageux, de conseils et de l’appui d’un réseau de partenaires. L’objectif est de redynamiser les commerces des centres-villes et d’encourager les initiatives entrepreneuriales.
Quand le dispositif a-t-il été lancé ?
La première opération de Ma boutique à l’essai a eu lieu en 2013, dans l’Oise, à Noyon.
Olivier Bourdon, l’inventeur du concept, s’est aperçu que, d’un côté, de nombreuses boutiques fermaient et de l’autre, des porteurs de projets peinaient à trouver un local, bloqués par le bail 3-6-9. La problématique étant la même dans de nombreuses autres villes, l’idée des Boutiques à l’Essai est alors née et une Fédération Nationale des Boutiques à l’Essai a été mise en place l’année suivante. Ce réseau de partenaires, composé de propriétaires, de réseaux à la création d’entreprise, d’assureurs, de banques, de comptables, de l’association des artisans et commerçants… lance régulièrement des appels à candidatures, permettant d’identifier des porteurs de projets, pour un local disponible. Un comité de sélection se charge d’élire un dossier, selon plusieurs critères. Plus de 150 communes bénéficient aujourd’hui du dispositif, allant de petites villes de 1000 habitants jusqu’aux plus grandes, comme Marseille.
Quel est le profil des porteurs de projets ?
Ce sont bien souvent des salariés, qui rêvent de travailler à leur compte ou de changer de vie. Nous recevons et sélectionnons tous types de commerce mais une majorité concerne, pour le moment, le prêt à porter.
Comment un projet peut-il se démarquer ?
A Compiègne, dans les Hauts-de-France, nous avons par exemple lancé un appel à candidatures à la fin de l’année 2021. Nous avons reçu plusieurs beaux projets, parmi lesquels une activité de prêt à porter, que nous avons sélectionnée. Même si le centre de Compiègne compte déjà des boutiques de vêtements, ce projet se démarquait suffisamment, avec un made in France-made in Europe revendiqué. La porteuse du projet, Julie, a également fait le choix de travailler avec peu de stock, pour donner envie à ses clients de revenir régulièrement.
L’objectif est de redynamiser les centres-villes et de faire revenir les clients en boutique…
Tout à fait. La fréquentation des centres-villes a chuté ces dix dernières années et le taux de vacance commerciale est significatif dans certaines villes qui comptent plus d’un tiers de locaux vides, soit environ 30%. Aider un commerce à s’installer, c’est contribuer à la redynamisation des centres-villes. Et la bonne nouvelle est que l’on s’est rendu compte que lorsqu’une boutique à l’essai ouvrait, cela incitait d’autres commerces à ouvrir à leur tour dans le même secteur.
Qu’arrive-t-il à l’issue de la période d’essai ?
Au bout de 12 mois, lorsqu’il est temps pour le commerçant de signer un bail commercial classique avec le propriétaire, le loyer minoré est maintenu dans 90% des cas ! On observe une vraie implication des habitants, propriétaires de locaux, qui se donnent les moyens de redynamiser leur ville.
Après 3 ans d’installation, le taux de pérennité des commerces est de 85% et après 5 ans 80% des commerces sont encore existants ! Le Covid n’a pas affecté tant que cela les ouvertures et nous observons même un regain d’intérêt pour les petits commerces de proximité.